Deux jours de terrain, d’inspiration et de dialogue
Les 14 et 15 mai derniers, le Guichet régional des occupations temporaires s’est rendu à Paris pour une série de rencontres avec des acteurs engagés dans l’urbanisme temporaire et/ou transitoire.
L’objectif ? Aller voir de près comment les choses s’organisent ailleurs, découvrir des projets inspirants et échanger sur les outils mobilisés pour soutenir les occupations temporaires.
Lors de notre séjour à Paris, nous avons découvert deux projets temporaires inspirants portés par Plateau Urbain. Césure, situé dans le 5e arrondissement sur l’ancien campus de la Sorbonne Nouvelle, est depuis juin 2022 un lieu dynamique où se rencontrent partage des savoirs, créativité et inclusion sociale.
Non loin de là, nous avons également visité Les Arches Citoyennes, installées dans l’ancien siège de l’AP-HP, en face de l’Hôtel de Ville. Depuis février 2023, 30 000 m² de bureaux vacants y sont temporairement transformés en un espace de travail et de rencontre vivant, destiné à des organisations qui peinent généralement à accéder à des locaux abordables en plein centre-ville.
Ce qui rend ces projets particulièrement remarquables, ce sont les principes sociaux forts qui les sous-tendent. Plateau Urbain applique un plafond de loyer au mètre carré afin de maintenir l’accessibilité des espaces, même au cœur de Paris. Ils expérimentent également l’acquisition de parties de bâtiments à des conditions avantageuses, dans le but de donner une dimension pérenne aux usages temporaires. Cela permet d’activer des rez-de-chaussée vacants et de préserver une dynamique sociale existante dans le cadre d’une occupation transitoire.
Le Guichet a eu la joie d’échanger avec les membres de l’APUR et de Hamburg Kreativ Gesellschaft au sujet de l’occupation temporaire. Côté français, l’étude Projets d’occupation temporaire dans le Grand Paris – État des lieux et éléments d’analyse publiée récemment par l’APUR est une source d’inspiration pour le Guichet tant en termes d’éléments et de critères d’analyse que d’enjeux observés. Ce travail très structuré a permis à la fois de recenser 439 projets dont plus de 200 projets encore actifs dans le Grand Paris mais aussi de les localiser et de les caractériser par usage et par type de propriétaire. L’APUR observe ainsi qu’une majorité de ces projets sont installés sur un foncier public ou parapublic et qu’un tiers d’entre eux intègre une offre d’hébergement. Côté allemand, les membres de Hamburg Kreativ Gesellschaft nous ont parlé des apprentissages qu’elles ont tirés du programme Frei_Fläche lancé en juillet 2021. A travers ce programme piloté par Hamburg Kreativ Gesellschaft, la Ville de Hambourg a subventionné la mise à disposition temporaire d’environ 28.000 m2 pour des usages créatifs et culturels en assurant la mise en relation et l’accompagnement des propriétaires immobiliers et des usagers. Il s’agissait ici de développer une stratégie et un instrument innovants pour la gestion immobilière et le développement urbain du Land. Un outil intéressant pour le Guichet et les réflexions menées avec hub.brussels pour soutenir les industries culturelles et créatives.
La rencontre avec l’équipe d’Est Ensemble a permis de mieux comprendre le fonctionnement de leur dispositif TempO’, qui structure et soutient les occupations temporaires sur leur territoire. Grâce à un appel à manifestation d’intérêt ouvert, les porteurs de projets bénéficient non seulement d’un cadre clair et d’un accompagnement, mais aussi d’un soutien financier concret pour rendre leurs initiatives réalisables. Ce travail se fait en lien étroit avec les communes et les partenaires locaux, dans une logique de transformation urbaine attentive aux enjeux sociaux, culturels et écologiques.
Pour découvrir les projets soutenus : Outil TempO’. En espérant que la Région bruxelloise puisse bientôt se doter d’un outil similaire.
Ces deux jours ont renforcé l’intuition que les défis sont largement partagés… mais que les réponses peuvent prendre des formes très diverses. À Bruxelles, ils nourrissent notre réflexion pour un accompagnement plus structuré des occupations temporaires, adapté à notre territoire et à la variété de ses acteurs.
© Louisa Schwope